L'importance du microbiote pour nos enfants
Récemment, Cerveau et psycho, une revue dont je vous parle régulièrement (comme ici sur les coups de pieds fantômes et là sur l'attachement durant la naissance) a consacré un dossier spécial au microbiote (microquoi ?) et notamment les dernières avancées concernant les enfants. C’est un sujet que j’aborde régulièrement en tant que coach et doula et l’article est tellement passionnant, je ne peux pas résister à vous en parler et vous donner les grandes lignes de cet article. Pour voir l'article en question, c'est ici.
C'est quoi le microbiote?
C'est l'ensemble des micro-organismes peuplant nos intestins. C'est un facteur majeur de la communication entre l'intestin et le cerveau.
Les études actuelles ne cessent de mettre en évidence son intérêt pour des sujets de plus en plus larges: psychologique comme l'anxiété, la dépression, le stress, l'obésité, les maladies auto-immunes, l'autisme ... Et il y a même le développement des psychobiotiques, c’est à dire une série de probiotiques qui agissent sur les troubles psychologiques. Le champ des possibles est énorme… Mais si le microbiote est si important, comment se constitue t’il chez nos enfants ?
Comment se constitue le microbiote
Tout commence à la naissance car dans le ventre de la maman, le système digestif de l’enfant contient peu ou pas de bactéries. C’est donc à la naissance, quand le bébé sort par les voies vaginales, que le bébé reçoit des bactéries vaginales et anales de sa maman par la bouche. De ce fait, elles iront coloniser son système digestif.
Aujourd'hui, les recherches mettent en évidence à quel point ces premières bactéries sont importantes pour la suite et pour que l’enfant développe un bon microbiote.
Après la naissance, bien entendu, le bébé continue à être en contact avec d’autres bactéries, celles de son environnement, celle de ce qu’il mange, mets à la bouche… Il forme alors son microbiote qui se met en place jusqu'à ses 3 – 5 ans. Après cela, il reste relativement stable. Et ce qui est le plus important, ce sont les 1000 premiers jours depuis la conception (et non pas depuis la naissance).
Je trouve que cela soulève à nouveau l’importance d’un environnement « vivant » et non pas aseptisé pour nos enfants.
Après cette période sensible, nous pouvons connaître des modifications (suite à un traitement, des changements dans nos habitudes de vie), mais dans l’ensemble le microbiote reviendra à son équilibre de base.
Césarienne et microbiote
Lors de la naissance par césarienne, il n’y a pas d’ensemencement par les bactéries de la mère. De ce fait, les chercheurs constatent un retard dans la formation du microbiote des bébés nés ainsi. C'est déjà un élément que Michel Odent mettait en évidence dans ces ateliers paramanadoula. Car les premières bactéries qui sont en contact avec le bébé ne sont pas celles de la mère mais celle d'une salle stérilisée.
Ce retard reste présent durant les 6 premiers mois à 1 an ( même si certains ont pu remarquer des différences chez des personnes de plus de 40 ans ). Et ces mois sont bien entendu cruciaux dans le développement du système nerveux et de l’immunité de l'enfant. Or le microbiote a un rôle crucial sur ces sujets.
Du coup, est-ce qu'on observe des conséquences? Oui, avec la naissance par césarienne, le risque de certaines pathologies augmente tel l’obésité, les allergies, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Bien entendu, cela ne signifie pas qu'il ne faut pas de césarienne. Mais cela repose la nécessité de bien peser le pour et le contre quand on pense à la césarienne et le besoin d'être informé quand nous sommes parents pour faire un choix en conscience.
Certains parents ont d'ailleurs utilisé un coton imbibé des secrétions vaginales de la mère afin de palier à ce problème. Un impact positif a été remarqué mais les chercheurs mettent en avant le manque de bactéries anales qui sont elles aussi importantes.
Pour les grands prématurés et la prise d’antibiotique précoce, il peut arriver des troubles neurodévelopmentaux. Certains voient pour cause un déséquilibre de ce microbiote.
Ce qui perturbe la formation de ce microbiote :
La césarienne
La prématurité
L’alimentation
La prise d’antibiotique par la mère
Les troubles du spectre autistique (TSA) et microbiote
Pour le moment, des études sur les souris montrent un lien entre le microbiote et l’autisme. Ce que certains parents font déjà comme retour avec une amélioration des symptômes avec la prise d’antibiotique. Ce sont d’ailleurs des pistes de recherches: l’impact et l'importance du microbiote dans les TSA. Mais pour le moment on ne peut pas encore affirmer qu’il y ait une causalité entre microbiote et autisme et pas un autre lien à découvrir.
Comment corriger le microbiote ?
Bon, c'est bien beau tout ça. Et qu'est-ce qu'on fait si notre microbiote est pas top top?
Il y a d'une part l'importance de la prévention. Celle-ci se travaille donc dès la grossesse (alimentation de la maman, réflexion sur les anti-biotiques enceinte, ...).
A la naissance, favoriser au maximum les voies basses et ensuite la peau à peau. En effet, il a de nombreux effets positifs, pour la maman, le bébé, émotionnellement, psychologiquement, pour l’allaitement… et pour le microbiote aussi, spécialement pour les prématurés où cette pratique améliore le microbiote. Une raison de plus de coller son bébé à soi. Au point que les chercheurs estiment qu’il s’agit déjà d’une prise en charge à part entière.
Une réflexion qui n'est pas présente dans l'article mais que Michel Odent soulève dans ses formations, c'est le fait que le bébé qui nait à l'hôpital est donc dans un milieu qui n'est pas le sien (celui de la famille dans laquelle il va vivre) d'un point de vue microbien. Et ce milieu médical a forcément un tout autre environnement que celui de la famille. Je pense que ce serait un domaine fascinant de nouvelles recherches que de voir si effectivement il y a des différences de microbiote entre les bébés nés à la maternité, en maison de naissance et à la maison (je n'en ai jamais entendu parlé).
Après la naissance, favoriser l'allaitement, qui est idéal pour un bon microbiote (et tant d'autres choses). Au niveau de la diversification, on peut voir que celle-ci, si l’alimentation est adaptée de qualité (pas d’aliments transformés). Elle est bénéfique au microbiote. Les études sont encore en cours sur le sujet.
La consommation de pré et probiotique (il y en a plein de manière naturelle comme dans les bananes, les artichauts...) Et en même temps, il est difficile de savoir lesquels et en quelle proportion sont utiles de manière individuelle. Car en fonction de notre microbiote, nous n'aurons pas les mêmes besoins. Il n’y a pas de solution miracle sur la question. Du coup, les recherches se dirigent vers une prise en charge personnalisée.
Les coliques du nouveau-né et autres effets
Un des effets très intéressants, ce sont les probiotiques en cas de coliques du nouveau-né. Certaines études ont pu voir un effet important de ces douleurs qui peuvent rendre la vie si difficile aux jeunes parents avec des pro-biotiques. Mais pas de manière systématique. C'est donc là aussi un champ d'investigation pour les chercheurs.
La prévention
Dans l’avenir, d’autres pistes sont la prévention et notamment par un travail autour de l’alimentation de la femme enceinte.
Des études sur les souris ont mis en évidence qu’une alimentation trop sucrée et trop grasse entraînait des difficultés de sociabilisation chez les souriceux… et leurs enfants ! Et plus intéressant encore, les chercheurs ont pu rééquilibrer les microbiotes en donnant des probiotiques aux souriceaux ou par de la prévention en changeant le régime alimentaire de la mère.
Une autre piste, si une mère doit prendre des antibiotiques durant la grossesse, le coupler avec la prise de pré ou probiotique.
Pour conclure
La question du microbiote est donc un sujet complexe qui ouvre des perspectives passionnantes. Probablement qu'il y a encore beaucoup de choses à découvrir. En attendant, cela permet de mesurer l'impact potentiel de certaines pratiques ou décisions qui se prennent lors de la grossesse et de l'accouchement. Les pistes actuelles semblent montrer que ce sont les pratiques naturelles (accouchement par voie basse, allaitement, peau à peau...) qui sont le mieux adaptées à notre microbiote.
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Commentaires
Julia 19/09/2020 12:04 (Il y a 4 années)
C'est incroyable! J'ai acheté cette revue il y'a quelques semaines et j'ai lu l'article dont tu parles, ce matin. J'ai été ébahit de découvrir cette nouvelle, tellement révolutionnaire selon moi.
J'ai ai compris que dés lors que lors dénature, et notamment un accouchement, il peut y avoir des répercussions sur le bébé. Il pourra éventuellement manquer de fondements, pourtant si importants...!
Cet article reflète bien les points clés :)
Merci !
Marie du blog Secrets de Nutritionniste 15/09/2020 09:48 (Il y a 4 années)
Merci d'avoir fait le jour sur ces points importants avec ton article. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur ce microbiote mais on suspecte déjà sa grande importance, alors chouchoutons le !
Maëliss Layeux 16/09/2020 10:31 (Il y a 4 années)
Oui, je suis tout à fait d'accord, merci pour cette précision. :)
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