Formation avec Michel Odent et Liliana Lammers
Bon... ça fait longtemps que je voulais vous parler de mon stage paramandadoula mais bon... J'ai eu un accident, mon déménagement,... bref, pas beaucoup de temps. Et bon, la recherche de photo a été un vrai défi (smartphone(s) mort(s) donc tentative de repêchage de photos... la misère!)
Mais revenons à notre sujet... paramanadoula!
« Para quoi » ?
Bon, déjà avec doula, je viens avec du nouveau, mais paramanadoula ?
Doula signifie servante, esclave en grecque… (top hein?) Le terme n’est donc pas « parfait ». En Angleterre, où travail et vit Michel Odent, ils ont donc préféré le terme Paramanadoula : la femme au service d’une autre femme en quelque sorte ! Le terme aurait donc été suggéré par la communauté grecque « choquée », à l'époque, par l’emploi du mot « doula ».
C’est bien joli tout cela mais au final, c’est quoi ce stage ? C’est une «formation » de 3 jours avec Michel Odent et Liliana Lammers sur « ce qu’est une doula », l’actualité dans le domaine de la périnatalité, le partage de leur immense expérience… Elle était organisée par une autre doula, de Luniassance, que je salue par le passage.
Et c’est GENIAL !
Comme les 4 journées étaient denses, j’ai sélectionné seulement quelques sujets et vous mets ici quelques petites notes dessus :
- Comment se passe un stage paramanadoula
- Un petit mot sur Michel Odent et Liliana Lammmers
- Le secret d’un accouchement réussi
- Le déclenchement et la césarienne
- Différence entre la césarienne et la voie basse
- La cerise sur le gâteau
Michel Odent et Liliana Lammers
Je connaissais Michel Odent par mes lectures mais sa compagne et doula, je ne la connaissait que de réputation.
Michel Odent est donc un obstétricien français qui est une sorte de pape de la physiologie selon moi. Je vous invite à allez lire ses livres et notamment celui dans ma biblio.
Liliana est une doula exceptionnel, son expérience, son « 6ème sens » en ce qui concerne les accouchements est réellement impressionnant. J'aurai tellement aimé pouvoir être sa stagière... Mon rêve!!! A mon grand, regret elle n’a pas (encore) écrit de livre sur cette expérience. Je lui en ai fait la remarque d’ailleurs… Elle ne ferme pas la porte mais… je croise les doigts car ce serait certainement un de mes livres fétiches.
Comment ça se passe ?
Le fonctionnement est participatif. Le domaine étant tellement vaste et large, un exposé n’aurait pas de sens. Donc, ils partent des questions des participants.
La matinée, la parole est toujours donnée à Michel Odent qui est « l’orateur ». L’après midi, c’est Liliana qui nous partage sa (très) riche expérience. Et WAW ! On apprend tellement ! Je pense d’ailleurs retourner l’année prochaine car je pense réellement que c’est une formation qui peut être faites plusieurs fois... à moi de renouveler mes intérogations! ;)
Voici donc quelques points qui ont été abordés lors de ses journées.
Le secret d’un accouchement réussi ? L’inhibition néo cortical !
« Cette inhibition est la clef pour comprendre l’accouchement humain ». M. Odent
Quelle est la différence entre un accouchement facile et un difficile ? C’est cette inhibition !
Le néocortex, pour que tout se passe bien, doit être mis en « off ». C’est un processus qui est involontaire et qu’il faut toujours protéger. En effet, à la moindre « stimulation », le néo cortex va se réactiver et cela mène à un accouchement difficile.
Comment veiller à cette inhibition ?
- le langage : on ne parle pas à la maman ! Sinon, on stimule le néocortex.
- la lumière : pour produire de l’ocitocyne, il vous faut de la mélatonine or la mélatonine est inhibée par la lumière et plus particulièrement celles du spectre bleu… c’est à dire celle des néons, type de lumière le plus souvent employée dans les hôpitaux.
- tout ce qui stimule l’attention :
- se sentir observée
- la perception d’un danger possible
Il faut donc que la femme qui accouche soit protégée de tout cela. De cela nait, de manière évidente, l’art de la doula. En effet, cette inhibition est un processus involontaire : on ne choisit pas de se mettre dedans… on ne choisit pas de l’interrompre !
« L’art de la doula : protéger la femme de toutes stimulations néocortical. » Michel Odent
Mais évidemment, cela remet en question des millénaires de pratique et de conditionnements culturels où l’on a décidé de dominer, contrôler la nature ou de socialiser la naissance, d’y placer des rituels,… et de décider qu’une femme a besoin d’aide pour accoucher.
Et pour illustrer cela, il est intéressant de se pencher sur les termes employés autour de la grossesse et de l’accouchement. Ils sont actif : guider, coacher, accompagner,… OR il s’agit de protéger ! LA seule personne qui accouche : c’est la « maman » ! (et à la limite le bébé, évidemment !)
Il faut donc un changement de paradigme.
Bien entendu, cela m’a remis renvoyé à mon énervement quand j’entend des phrases comme par exemple : « C’est le Dr machin qui m’a accouchée ». NON, c’est toi (avec ton bébé) qui a donné naissance !
De la part des soignants : ouf, j’ai fais 3 accouchements aujourd’hui »… WAW ? Des triplets alors ?
Il faut donc que la femme se sente en sécurité. Et donc pas observée mais pas se sentir isolée pour autant,… Une alchimie que la doula aide a trouver.
Le déclanchement et la césarienne
Liliana a eu des mots forts sur le déclenchement. Elle le considère ni plus ni moins comme un crime.
Si l’accouchement se lance naturellement, le bébé participe au déclenchement en lâchant du surfactant dans son liquide amniotique. De son coté, le corps de la mère, lui aussi donne des signes.
Et il ne faut pas oublier le facteur du stress. Plus on est stressée (menace supposée sur la santé du bébé, menace du déclenchement,…), plus on diminue les chances de voir le travail se déclencher naturellement puisque les hormones du stress inhibe celle de l’accouchement ! En effet, la nature est bien faite : accoucher dans un environement stressant n’est sans doute pas une bonne chose en terme de survie de l’espèce. Donc, le serpent se mord la queue...
Or, il ne faut pas oublier que certains bébés ont besoins de plus de temps pour venir au monde. Et en déclenchant, on précède les signaux du bébé.
A partir du moment ou le terme est dépassé et que peut être il y a des risques il faut vérifier au jour le jour que le bébé va bien.
Pour ce faire, Michel Odent préconise deux choses :
- Utiliser un amnioscope. C’est à dire un tube qui permet de voir le liquide, le vernix. S’il c’est bon : la maman est invitée à repasser le lendemain et on laisse la grossesse se poursuivre. Mais aujourd’hui, on ne fait (pratiquement) plus cet examen. Michel Odent plaide d'ailleurs pour la "réinvention" de cet outil par les sages-femmes.
- Il ne faut pas non plus oublier le placenta, qui est une glande endocrine. On retrouve dans les urines de la mère des hormones placentaires. Les analyser permet contrôler l’état du placenta et donc, de vérifier que la grossesse peut également être poursuivie. En effet, les problèmes de post maturité sont rares, mais si un ennui est décelé, il faut déclencher car on ne sait pas comment cela peut tourner.
Avec cette méthode, M. Odent arrivait à diminuer (un des facteurs) les césariennes a moins de 1/1000! En belgique nous nous situons (pour 2014) à une moyenne de 20%.
Différence entre la césarienne et la voie basse
Pour lui ce n’est pas tant la différence entre la césarienne et la voie basse mais entre travail spontanné d'une part et travail induit/césarienne programée d'autre part.
Tous les bébés naissent avec un taux élevé d’adiponectine. Sauf ceux qui sont né par césarienne avant que le travail ne se soit enclenché de lui même. C’est un facteur de risque pour l’obésité.
Ceux né par césarienne sans travail n’ont pas non plus de mélatonine, pour lui c’est la preuve que la mélatonine est une hormone de l’accouchement. Il y a d’ailleurs des récepteurs de mélatonine sur l’uterus.
Cela dit, les césariennes en urgence, durant la deuxième phase du travail haugmentent le taux de prématurité pour les grossesses suivantes. La césarienne « idéale » est celle qui à lieux après le déclenchement du travail par lui même mais sans urgence. Un travbai d’équilibre qui ne doit pas être aisé !
Cependant, pour lui, il y a moyen de « tester » si la césarienne en urgence va être nécéssaire : c’est le test de la piscine. Quand, en plein travail, dans de bonnes conditions physiologique, la femme va dans une piscine, il y a une augmentation du travail dans les 2h. Celles dont le travail n’a pas progressé pendant ces deux heures, il faut faire une césarienne.
Le problème : beaucoup d’études sur le sujet comparent césariennes et voies basses. Il faudrait dissocier les 3 : césariennes avec travail enclenché naturellement, pas naturellement, et accouchement voie basse.
La sage-femme, la doula
"Quand un phénomène se développe au niveau mondial, il faut se demander ce qui se cache derrière." Michel Odent en parlant des doulas
"Je ne pensais pas accoucher naturellement, je pensais qu’accoucher était naturel ! » Liliana Lammers à propos de son premier accouchement.
Le travail de la doula : protéger la physiologie de la mère. De là decoule tant de choses…
La doula doit contrôler son stress et sa peur car elles sont contagieuses. Or ces hormones amène la sécretion de l’adrénaline qui entrave le travail. Il faut donc se calmer car si l'adrénaline est contagieuse… le calme aussi. Et ca c’est la bonne nouvelle !
La doula peut transmettre des informations pratiques à l’équipe : Depuis quand la poche des eaux est rompue, si elle a fait pipi ou non,… Cela permet de proteger la maman des questions et donc de ne pas stopper son inhibition néocortical. Avec la doula, il faut donc créer de l’intimité. C'est une des raisons qui explique le besoin des rencontres pré natale (mais il y en à bien d’autres selon moi ! ;) ).
Ce qui amène à la question du mari : il faut toujours discuter avec lui. Es-ce qu’il veux (et attention devoir/vouloir!) être présent ? Car s’il ne veux pas, à peur,… il va produire du corticol et transmettre ce stress à la femme durant son accouchement. Il faut absolument éviter cela.
Il est donc important de prendre du temps pour le papa, de FAIRE pour le papa et d’être pour la maman. Quand le papa est stressé, on l’éloigne sans un mot.
« C’est facile de faire un accouchement difficile » Liliana Lammers
La cerise sur le gateau
J’ai eu le plaisir de reconduire Liliana et Michel à la gare de Bruxelles Midi. J’ai pu longement discuter avec eux mais surtout Liliana.
Et en arrivant à Bruxelles elle m’a dit l’une des plus belles choses :
« Je suis heureuse que tu sois doula » Liliana Lammers
Aaaaaaaaaah !
Alors, besoin d’un doula ? ;)
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