Facteurs de risques et prévention de la mort subite du nouveau né
La question du sommeil et des nuits interrompues est une grande source d'anxiété pour les parents. Mais plus encore, celle de la mort subite du nouveau-né qui nous angoisse le plus. Imaginer que notre enfant, notre bébé chéri, puisse mourir durant son sommeil, nous amène à nous interroger sur "comment faire dormir le bébé en toute sécurité".
Nous ne savons toujours pas ce qui cause la mort soudaine et inattendue des bébés. C'est le principe même de ce phénomène d'ailleurs, si nous le savions, il ne s'agirait plus d'une mort inexpliquée, nous en connaîtrions la cause et nous serions en mesure de l'expliquer. Les épidémiologistes ont donc dû essayer de déterminer ce qui était associé au fait d'être un bébé qui meurt par rapport à un bébé qui ne meurt pas. Quelles étaient les choses que les parents faisaient ou quelles étaient les caractéristiques des bébés qui les rendaient vulnérables par rapport à ceux qui ne l'étaient pas.
En faisant cela, ils ont mis en évidence des pratiques qui aident à réduire les risques. Et d'ailleurs, les taux de mort subite ont radicalement diminué ces vingt dernières années.
Le facteur vraiment radical dans cette diminution a été de mettre les bébés sur le dos quand ils dorment. C'est pourquoi, cela reste une recommandation de première importance.
Nous ne savons toujours pas pourquoi la position couchée sur le dos est plus sûre, il existe des hypothèses à ce sujet mais personne n'a jamais démontré une explication. Pour le moment, l'approche est donc une approche de minimisation des risques.
D'autres facteurs ont été mis en évidence. Aucun n'a autant d'importance que celui de faire dormir bébé sur le dos. Mais ils ne sont pas à négliger.
Des recherches ont été faites pour trouver d'autres facteurs amenant à des risques accrus de mort subite. Dans ceux-ci il y a :
- L'exposition à la fumée de cigarette pendant la grossesse, et après
- Dormir dans une chambre seul est associé à un risque accru,
- Ne pas être allaité au sein est associé à un risque accru.
- Il existe ensuite de nombreux facteurs liés à la température, à l'enveloppement et aux surfaces molles.
Il est difficile de dire exactement ce qui est en cause dans certains de ces éléments, qu'il s'agisse de la température extérieure de la pièce, de la présence de trop de couches sur le bébé, de la présence d'une literie douce qui peut isoler la tête du bébé et l'empêcher de perdre de la chaleur...
C'est pourquoi on encourage les bébés à dormir dans un espace clair et plat, sans rien, sans couverture flottante qui puisse couvrir leur tête, etc.
Le partage du lit ou cododo et la mort subite du nouveau né
Un autre élément, c'est la question de partage du lit. Au cours des études sur la mort subite, le partage de lit a été mis en avant comme risque potentiel, ou associé à un risque accru de mort inattendue, et les gens ont donc pensé que la meilleure façon de s'attaquer à ce problème était de dire aux parents de ne pas partager le lit. Ce qui est logique, on a dit aux parents de mettre bébé sur le dos pour le sommeil, ils l'ont fait, il était logique de faire de même pour le partage de lit.
Sauf que cela n'a pas fonctionné comme on le pensait. En effet, il y a beaucoup de raison de partager son lit avec un bébé. Il y a des raisons de choix, des raisons culturelles, des raisons de facilité (voire de "survie") pour les parents fatigués (épuisés).
Il faut donc, discuter avec les parents autour du partage du lit et pas uniquement dire "non, c'est pas bien!" Car il y a de vraise raisons à prendre en compte dans l'adoption de cette pratique. (et pour l'avoir moi-même pratiqué et encore à l'occasion).
Donc, maintenant, l'approche est de regarder comment pratiquer le partage de lit pour minimiser les risques et de s'assurer que les parents savent quelles sont les choses à éviter, comme le partage du canapé, etc. qui sont les plus dangereuses.
Les bébés nourris au lait maternel et maternisé
Pour les mamans qui allaitent exclusivement, elles vont naturellement adopter une position qui va être protectrice durant la nuit.
- Proche du bébé,
- Face à face, elle ne tourne pas le dos au bébé,
- Se réveillent en même temps que bébé,
- Bébés est sur le dos, à la hauteur de leur sein,
- Sur une surface ferme (loin de l’oreiller).
- Position protectrice dans le lit, entourant le bébé avec leur bras, près de sa tête et ses genoux positionnés sous ses pieds. Cela protège le bébé du froid, de la chaleur, des couvertures et du partenaire de lit.
Dans le cas des mamans n'ayant jamais allaité au sein, les études (mais qui ne sont pas encore suffisantes pour affirmer que ce soit toujours le cas) n'adoptent pas cette position.
Est-ce que du coup quand notre bébé est allaité au lait maternisé il ne peut pas dormir dans le même lit que ses parents ? Non, mais l'invitation est de s'informer pour faire un choix éclairé. Et de s'écouter en tant que parent. Nous sentons nous en confiance, à l'écoute des mouvements du bébé,... Mais si vous avez le sentiment qu'il vous manque quelque chose, que vous ne vous sentez pas en sécurité, alors surtout, écoutez-vous.
Le bébé ne doit pas dormir entre les parents ?
Il n'y a pas de données sûres permettant de nous guider ou qui suggèrent que si nous dormons avec un gros dormeur cela va augmenter le risque de Mort subite du nourrisson ou que notre conjoint va rouler sur le bébé ou quelque chose comme ça.
Pourtant, ne pas mettre son bébé entre les deux parents est une recommandation que l'on lit souvent. Selon Helen Ball de l'université de Durham (où j'ai effectué une de mes formations sur le sommeil), la réponse ne doit pas être radicale.
La première recommandation est du côté de la mère. Les bords du lit présentent un risque, s'il y a des objets entre lesquels le bébé pourrait glisser alors il est recommandé de placer le bébé au milieu du lit, entre ses deux parents.
Dans les vidéos qui ont été faites pour les recherches sur le sommeil des bébés, il y a des pères (et oui, et je n'ai trouvé aucune information pour les couples avec les parents de même genre) qui sont absolument en phase avec tout ce qui se passe avec la maman et le bébé dans le lit. Ils se réveillent à chaque fois que la maman et le bébé le font. Ils vérifient ce qui se passe, parfois ils répondent au bébé avant la maman. Tous les papas ne sont pas de gros dormeurs, mais il y en a qui tournent le dos, qui s'endorment et qui n'interagissent pas avec les mamans et les bébés au cours de la nuit.
Personnellement, mon mari faisait partie de la famille des gros dormeur (alors que c'est un insomniaque). Je sais qu'il tournait le dos au bébé, et il fallait vraiment qu'il se passe beaucoup de chose pour qu'il se réveille.
Bref, observez votre partenaire, écoutez-vous. Avez-vous le sentiment, avez-vous pu constater que votre conjoint est un gros ou un petit dormeur ? Quand il se réveille, regarde-t-il l'enfant, est-il aussi attentif au bébé que vous ne l'êtes ? Semble-t-il conscient de la présence du bébé ?
Je serai ravie que la recherche avance sur ce sujet. Car vraiment je pense que des données pour aller plus avant sur notamment ce qui permet d'avoir cette attitude durant le sommeil est une perspective fascinante notamment pour les questions de charge mentales et autres...
Certains pères dorment seuls avec le bébé et laissent les mères aller dormir une nuit ou une demi-nuit pendant laquelle ils prennent soin du bébé et dorment avec. Certains pères sont très compétents pour partager le lit. L'invitation est donc de vous informer afin de faire vos choix. Il n'y a pas de réponse unique mais des réponses qui varient en fonction des parents.
L'obésité
On voit très souvent cette recommandation sans nuance : si vous êtes obèse, vous ne pouvez-pas partager le lit avec votre bébé.
Cette recommandation se base sur, d'une part, des histoires, des faits divers mais aussi sur une étude (et donc, à prendre avec des pincettes) menée aux États-Unis pour tenter de quantifier le risque de partager le lit quand la mère est atteinte obésité.
Au-delà d'un certain IMC, le risque est accru. Le concept que l'on peut en tirer est le suivant : si vous êtes obèse et que vous pensez avoir du mal à être consciente de la périphérie de votre corps (et beaucoup de personne atteinte d'obésité n'entrent pas dans cette catégorie), de ne pas savoir si votre bébé est pressé contre votre corps, si vous n'avez pas assez de sensations pour savoir que votre bras ou votre sein, ou quoi que ce soit d'autre, est contre le visage de votre bébé, c'est une bonne raison d'éviter de partager le lit. Encore une fois, il n'y a qu'une seule étude sur cette question ce qui mériterait vraiment d'être appuyé par d'autres. De plus, je pense que cette réflexion peut très largement être étendue à toute personne pouvant, pour quelque raison que ce soit ne pas se sentir en mesure de ressentir cette corporalité durant son sommeil.
Risque accru lors du partage de lit
Je vous invite donc à vous informer, à en parler avec votre professionnel de santé. A vous écouter et vous faire confiance. Et à prendre plaisir auprès de votre bébé.
Et toi, est-ce que tu aimes dormir avec ton bébé ?
Pour les recommandations préventives pour la belgique, c'est par ici.
Et pour aller plus loin un des documents du centre d'information de l'université de Durham ou je me suis formée Basis
Pour cet article, je me suis basée sur ma formation auprès du Baby Sleep Info Source de l'université de Durham et de l'interview d'une de mes formatrices que vous pouvez retrouver ici.
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